À partir de Châlon, deux itinéraires sont possibles. L’officiel, par le GR 145, passe par Vitry-le-Francois. L’autre appelé variante Historique, plus direct, permet de gagner un jour de marche mais les logements y sont rares.
J’opte pour la dernière option, qui suit la vallée de la Coole. On l’appelle historique car l’archevêque Sigeric , dont les archives ont inspiré la création de la Via Francigena, a passé une nuit au village de Coole, où je passerai demain.
Aujourd’hui je suis passé par Coolus, on n’est pas très créatif pour la toponymie dans la région.
Je ne vous parle plus de la météo car il semble que les conditions en sont fixées pour les dix prochains jours au moins.
Petit stop repos-rédaction à l’ombre de l’église de Nuisement-sur-Coole.
Ici, j’ai à nouveau le choix. Un peu à gauche, je peux retrouver l’ancienne voie romaine qui allait de Châlon à Bar-sur-Aube. Sigeric l’a probablement emprunté au Xième siècle. C’est, bien sûr, une ligne droite qui m’amènerait à destination par une douzaine de kilomètres d’un chemin de terre, entre les champs et sans l’ombre d’une ombre. Ils sont fous ces romains !
J’opte plutôt pour la bucolique D4, qui tend à suivre les méandres de la petite rivière. Plus longue de 3km, elle traverse cinq bourgades et autant de possibilités d’un repos protégé du soleil.
Je vous présente Anja. Elle pédale depuis Maastricht, via Liège et la véloroute de la Meuse. Elle descend jusqu’aux Pyrénées pour célébrer sa pension. Elle m’accompagne en papotant pendant une vingtaine de minutes avant de reprendre son rythme.
L’église de Cernon
Dans le petit village, alors qu’il n’y a aucun carrefour, un feu vert récompense. Tu respectes la limitation, on te permet de continuer ta route. Tu veux aller vite… tu attendras bêtement devant un feu rouge installé spécialement pour toi.
Enfin, moi, je passe à toute allure.
Fontaine–sur–Coole est un tout petit hameau de Faux–Vesigneuil. C’est là que la départementale reprend le tracé de la voie romaine. C’est là aussi qu’un couple a accepté de m’héberger. Sans eux, j’aurais été bien embarrassé.
Anciens exploitants agricoles, ils ont passé 80 ans et m’accueillent avec un grand verre de grenadine. Nicole s’insurge contre le fait qu’on envoie les pèlerins vers Vitry-le-François alors que le vrai chemin passe devant sa porte.
Après avoir goûté au vin de mérises de René, j’ai droit à un bon souper sur la toile cirée à partager sur la vie, ses joies et ses peines. Je dormirai dans l’ancienne chambre d’une de leurs filles. Pour me déplacer dans la maison, ils m’ont même prévu une paire de mules.
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