Comme la chaleur et le soleil m’accompagneront encore aujourd’hui, c’est tôt que je quitte le Convento dei Cappuccini pour chercher un bar et un cappuccino. J’ai dit arrividerci à Claudia pour qui l’étape d’hier a été un peu trop dure. Elle prendra sans doute un transport pour celle-ci.
Saint-Vincent (tous les noms sont toujours en français) est une petite ville thermale avec ses vieux hôtels, un funiculaire reliant la ville aux thermes,
Son horrible casino,
Et un centre sympathique qui à l’air désertique mais où je trouve mon bonheur !
J’avance ensuite, toujours à l’abri du soleil.
Ces citrons ont l’air bien mûrs.
Plusieurs châteaux médiévaux en ruines, comme celui de Saint Germain, témoignent de l’importance stratégique, à cette époque, de la voie que j’emprunte.
À Toffo, je salue une vieille dame avec sa béquille. Elle commence à me parler, je lui explique non parliamo italiono, mais cela n’a pas d’importance pour elle, elle continue je crois comprendre qu’avant elle savait caminare è caminare, mais que maintenant c’est difficile. Et elle termine par è bruto, è bruto… Elle me laisse partir, avec regrets.
Petite pause à l’église de Montjovet. Le tronc de cette glycine est impressionnant!
À partir de là deux itinéraires sont possibles. Je choisi de traverser la Dora Baltea pour emprunter le trajet passant à sa droite.
Il est réputé plus facile car au fond de la vallée donc plus plat.
Oui mais… ce qui n’avait pas été mentionné, c’est qu’il côtoie non seulement la rivière mais aussi le chemin de fer et l’autoroute.
Après une vingtaine de minutes à subir les pollutions sonores et visuelles auxquelles je n’étais plus habitué, je commence à hésiter. Ne devrais-je pas retourner sur mes pas dans l’espoir que l’autre variante soit plus agréable?
C’est alors qu’un pick-up s’arrête à côté de moi, la fenêtre du conducteur s’ouvre. C’est une espèce de Johnny Hallyday, Ray-Ban et bandana compris. Il commence en italien et devant mon incompréhension, il passe au français me dit texto : » C’est bien, tu dois continuer de ce côté de la Doire jusqu’à Hône ». Parfois, le Chemin choisit de drôles de messagers! J’ai été tellement surpris tans par le message que par le messager que je n’ai même pas demandé pourquoi.
Effectivement, plus loin, l’environnement devient plus agréable et plus champêtre, même si je ne quitte pas le goudron.
Le château d’Issogne. Si vous vous arrêtez un jour ici, sachez que la tenancière de l’alimentario juste en face est très peu sympathique. Si je le signale, c’est parce-que c’est rare jusqu’à présent.
Voici le décor de ma déambulation de cette après-midi. Il y a pire. Comme hier le vent s’est levé, et comme il est de face, il rafraîchit bien, mais je doit faire attention qu’il ne m’emporte mon chapeau.
David fait le chemin avec son VTT, sa tente et son sac de couchage, depuis Lausanne. Comme il n’a pas encore rencontré beaucoup de pèlerins, il s’est arrêté pour m’accompagner à pieds et faire un brin de causette. Il habite dans la banlieue de Londres et il est venu récemment en Belgique avec son épouse pour y vivre le festival de Roncquières. Malheureusement cette année il a terriblement été arrosé et il se souvient surtout de la boue partout, y compris à l’endroit où ils avaient planté leur tente. Maintenant, il rêve surtout de prendre une douche et de pouvoir fois dans un vrai lit. Et le voilà qui repart sur son bike.
Le Fort de Bard, dans une brume de chaleur, surplombe un bâtiment coloré. C’est la jolie gare de Hône–Brard, et c’est aussi là où je passerai la nuit.
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