12 septembre Piacenza

Je pars au point du jour. Ken, qui n’est pas très liant, a déjà quitté l’albergo.

J’ai enfin droit à un lever de soleil sans usines, ni hangars, ni centres commerciaux.

Je profite et fais plein de photos, puis je rends compte quelles sont toutes les mêmes.

À Orio Litta, la Villa Litta Carini m’a déroulé le tapis rouge. Mais, désolé, aujourd’hui j’ai un bateau à prendre.

Je suis bien sur la route empruntée jadis par mon illustre prédécesseur, l’évêque Sigeric, qui a traversé le au niveau de ce lieu appelé Trasitum Padi.

Le long d’un cours d’eau, je rattrape un animal, pas craintif, je pense que c’est une loutre, mais sans certitude.

J’arrive en vue de Corte Sant’Andrea, où nous avons rendez-vous avec le passeur.

Un magnifique arc a été construit à l’entrée de ce village dont la moitié des maisons sont en ruines.

Au gué, je retrouve Ken puis deux autres pèlerins, Helmut de Berlin et Jacques des Pays-Bas. Comme il n’y a qu’un passage quotidien, inévitablement tous les pèlerins du jour se rassemblent ici.

Et voici notre navire.

Et Danilo, le ferryman.

Je suis bien sur le bateau.

Les passeurs avaient mauvaise réputation auprès des pèlerins d’antan car certains profitaient de leur situation pour extorquer leurs clients.

Nous comprenons leurs craintes lorsque Danilo nous débarque sur la berge au niveau d’un escalier que lui seul a su distinguer. En haut nous nous retrouvons … in the middle of nowhere.

Notre guide arrive après avoir amarré correctement son embarcation et nous entraîne vers une stèle pour « dix minutes de culture ». Il nous explique qu’outre Sigeric, c’est Saint Colombano le personnage le plus important qui a emprunté ce passage. Ce moine irlandais a fondé plusieurs abbayes partout en Europe avant de s’éteindre à 60 Km d’ici.

Ensuite nous devons le suivre dans son jardin pour y recevoir une empreinte de son fameux tampon et signer son livre d’or. Je suis de 700 ième nom du sixième tome de ce livre.

Après un moment encore en compagnie du fleuve, vient le temps du purgatoire.

10 Km sur l’impitoyable SP13, par 31 degrés, sans ombre ni vent.

Puis il faut monter sur un pont et marcher encore 4 km le long d’une SP10 sur laquelle il y a un trafic intense.

Mais après le purgatoire, il y a … Plaisance. Un nom plein d’attrait!

Et la ville est à la hauteur de son nom. Ensuite, mieux encore que les magnifiques édifices et les trésors qu’ils recèlent, l’ambiance et la luminosité font vite oublier les kilomètres de macadam.

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